La progression fulgurante du Covid-19 dans le monde entier a brutalement ouvert les yeux de tous ceux qui ignoraient ou sous-estimaient le risque pandémique. L'opinion publique n'était pas préparée à ce type de crise, tout simplement non "imaginable" il y a quelques semaines encore. Désormais, le risque pandémique va être considéré – à juste titre – comme un risque absolument majeur par une très large partie de la population et la totalité des décideurs publics.
Un certain nombre de décisions budgétaires seront désormais prises dans ce contexte nouveau marqué par une nouvelle échelle de valeurs : la demande de sécurité sanitaire va s'accroître en même temps que celle pour d'autres formes de protection.
Les autorités publiques devront alors concentrer tous leurs efforts sur la gestion des risques, en cessant de donner l’impression d‘agir dans l’urgence et en accordant la priorité à la prévention et à la protection.
Dans l’avenir, l’effort doit donc porter sur l’élaboration et la mise en œuvre des dispositifs de prévention face aux risques épidémiques, tant aux niveaux local, régional, national qu'international. Ces dispositifs devront nous préparer à faire face efficacement au prochain phénomène pandémique, qui est non seulement inévitable mais qui sera peut-être pire que l’épidémie actuelle. Il faut savoir en effet que le taux de contagiosité et le taux de mortalité du Covid-19 demeurent bien plus faibles que celui d’autres agents infectieux. La prochaine épidémie pourrait être bien plus grave, notamment pour les plus jeunes relativement épargnés par le Covid-19.
La notion de résilience exprime bien l’objectif premier de toute future action publique, y compris à l’échelle communale et intercommunale. En mécanique, la résilience d’un système désigne sa capacité à absorber un choc, son aptitude à résister à une contrainte rapide. De fait, le choc associé à une épidémie mondiale comme nous la vivons met la résilience de nos sociétés modernes à très rude épreuve, sur un plan tant économique et financier que social et politique.
J’ai soumis dernièrement des propositions pour aider notre économie locale à se relever à la sortie du confinement.
J’en soumets aujourd’hui de nouvelles pour une réflexion stratégique et une action continue dans le but d’améliorer la résilience de notre territoire contre des risques sanitaires.
Moulins Communauté dispose depuis novembre 2019 d’un Contrat Local de Santé. Il constitue un bon point de départ, notamment son axe n°3 « Promouvoir la prévention et l’éducation à la santé ».
Mais d’autres actions pourraient permettre de développer une meilleure résilience de Moulins Communauté :
Ainsi, faudrait-il revoir - ou élaborer si inexistant - les plans de continuité d’activité (PCA) de
Moulins Communauté et des communes adhérentes à l’aune de la crise Covid-19. Moulins
Communauté pourrait proposer aux communes adhérentes une aide à l’ingénierie à travers
un service commun (centre de ressource).
De même, pour le document unique d’évaluation du risque professionnel qui est obligatoire depuis 2001. Dans le DUERP il convient par exemple de tenir compte des besoins de formation et d’un éventuel accompagnement psychologique pour le personnel de la collectivité non soignant en contact avec du public.
Certains travaux pourraient devenir nécessaires pour garantir une continuité de service dans les bâtiments de Moulins Communauté et de ses communes adhérentes, y compris leurs écoles. Ces travaux pourraient être subventionnés par le fonds de ruralité de Moulins Communauté.
On peut aussi s’interroger sur l’opportunité pour les mairies de disposer d’un stock d’équipements de protection individuelle (EPI) pour pouvoir intervenir en première ligne et de manière décentralisée tout en mutualisant des achats.
Quelles orientations stratégiques donner à notre politique de logement et à notre bailleur social ?
Quels services pourraient rendre des équipements comme l’École de Musique et la Médiathèque pendant une période de confinement ?
Comment accompagner au mieux des personnes vulnérables dans le cadre de la politique de la Ville ? Est-ce qu’il faut revoir et élargir l’action du Centre intercommunal d’action sociale.
Comment se prévenir d’une pollution virale des eaux usées ? Quelles sont les mesures de surveillance actuelles ? Sont-elles suffisantes ?
Comment assurer à une information accessible, régulière et transparente pour les mairies et élus communautaires ainsi que pour l’ensemble de la population ?
Toutes ces questions, et bien d'autres, méritent un examen approfondi, une réflexion commune entre élus. C’est pourquoi je vais demander au Président de Moulins Communauté de créer une commission spéciale du Conseil communautaire, comme cela est envisagé dans l’article 37 de notre règlement intérieur. De caractère temporaire elle pourrait être instituée lors de la prochaine séance du conseil avec pour objectif de présenter un rapport assorti d’un plan d’action pour la fin de l’année.
A très bientôt,
Stefan Lunte